En 2004 sort la bombe American Idiot avec laquelle le groupe nous embarque dans un univers complètement différent de celui auquel les fans s'étaient habitué. Le groupe est soudainement très engagé en particulier contre la guerre et la société américaine. Lorsque le 15 mai 2009 sort 21th Century Breakdown, les avis semblent très partagés quant à la qualité et à l'intérêt de l'album. Il faut bien avouer que c'est l'album le plus éclectique de Green Day, il n'est donc pas étonnant qu'il en surprenne plus d'un ! Un artwork composé de tags et de pochoirs nous fait penser à la pochette de Shenanigans bien que cette fois ce soit un couple s'embrassant en couverture. On pense de suite à Shakespeare et son Roméo et Juliette. Le groupe nous présente d'ailleurs ce nouvel album à la manière d'une pièce de théâtre : en trois actes. La tragédie commence, Gloria et Christian entre en scène.
Le prologue démarre : Song Of The Century et nous plante d'ores et déjà le thème de l'album : "Sing us the song of the century, that's louder than bombs and eternity". On sait déjà à quoi s'attendre : ça parle de guerre, d'amour et du temps.
Acte I : Heroes And Cons.1. 21st Century Breakdown
L'intro de guitare commence, c'est simple, un peu trop même, deux accords seulement, et la batterie arrive, et cet espèce de slide sorti d'on ne sait où nous fout les frissons qu'on n'espérait avoir ! "Born into Nixon I was raised in hell… My generation is zero". On retrouve l'engagement du groupe perçu sur American Idiot et bordel que ça fait du bien ! "I am a nation, a worker of pride. My debt to the status quo, the scars on my hands and the means to an end is all that I have to show".
2. Know Your Enemy
Le single est déjà connu, mais il prend tout son sens au sein de l'album. On comprend soudainement de quel ennemi parle le groupe : "Violence is an energy from here to eternity silence is an energy so gimme revolution". C'est un appel à la révolution, c'est la jeunesse américaine qui prend conscience de sa société, c'est un besoin vital de changement, le besoin d'une révolution.
3. Viva La Gloria !
Au moment où on s'attend le plus à avoir une chanson à la Take Back ou Brain Stew pour continuer l'ascension, poursuivre le chemin jusqu'au climax, on se prend dans la face une ballade au piano. Certes ça perturbe, mais dès le "Hey Gloria" on arrête de faire son gamin frustré qui n'a pas eu sa tartine de Nutella et on écoute. On écoute juste. On découvre Gloria. Elle nous plait à tous, elle est notre côté sombre, notre côté rock'n'roll révolutionnaire et amoureux. "The cracks of my skin can prove as the years will testify. Say your prayers and light a fire, we're going to start a war. Your slogan's a gun for hire. It's what we waited for."
4. Before The Lobotomy
Celle-ci en a surpris plus d'un ! Histoire de repartir en douceur vers la violence de la prochaine chanson, le groupe nous offre un alien : Before The Lobotomy. On ne sait pas trop comment s'y prendre avec elle, d'ailleurs c'est peut-être fait exprès, parce que le personnage aussi est perdu : "Like refugees, we're lost like refugees". La tragédie prend tout son sens, le personnage est persécuté, perdu, il cherche un point auquel se rattaché : la violence ou l'amour ?
5. Christian's Inferno
Oh ! Si on s'attendait à ce qu'en réponse à cette incertitude on nous serve du Network sur un plateau ! "There's fire in my veins and it's pouring out like a flood", la descente d'Orphée aux Enfers, la novocaïne, l'anarchie, mai 1968, la guerre du Vietnam. Tellement de violence hante Christian qu'on se demande comment il va s'en sortir, est-ce qu'il va sombrer comme Jesus (Of Surburbia) dans la débauche ou est-ce qu'il va se reprendre ?
6. Last Night On Earth
Il se reprend ! Une superbe semi-ballade à la Macy's Day Parade commence et c'est une véritable déclaration d'amour : "You are the moonlight of my life every night… My beating heart belongs to you, I walked for miles 'til I found you". C'est aussi beau que la scène du balcon de Shakespeare. Tout semble bien aller, sauf que l'acte deux débute.
Acte II : Charlatans And Saints7. East Jesus Nowhere
… Ou l'art de se prendre une bombe nucléaire en pleine tronche. Cette chanson pue Hiroshima et le gaz toxique. On se la prend soudainement en pleine poire ! C'est comme de rater un épisode de Six Feet Under ou Dexter, il nous manque quelque chose entre les deux et l'effet de surprise est total ! Alors que la radio nous hurle "And we will see how godless nation we have become !" à la manière de Martin Luther King, celle qui ressemble au nouvel hymne anti-racisme et anti-religion commence : "Stand up all the white boys, Sit down all the black girls, you're the soldiers of the new world", "Oh bless me lord for I have sinned. It's been a lifetime since I last confessed.".
8. Peacemaker
Avec des relans de Misery, Hitchin' A Ride ou encore le Mama! de My Chemical Romance, Peacemaker s'apparente comme la chanson la plus mexicaine, la plus "out" de l'album, mais peut-être la plus aboutie. Un appel à la paix, à la pitié, à la délivrance de cette situation qui n'avance pas, de ce "status quo" : "Call the peacemaker hey hey, I'm gonna send you back to the place where it all began."
9. Last Of The American Girls
Cet album est une vraie guerre. La violence, le désir de révolution, l'amour, les bombes, le besoin de délivrance et maintenant la résistance. La vraie, celle qui aparaît sur les murs de la ville : "She's a runaway of the establishment incorporated. She won't cooperate, she's the lat of the american girls". Gloria est visiblement une résistante pendant que Christian est un éternel pessimiste.
10. Murder City
"Desperate, but not hopeless, I feel so useless in the murder city" : C'est le dernier appel des soldats à rejoindre le front. Il faut tenir jusqu'à la fin, ne pas boire "a bottle of your favorite poison" pour la revoir. Revoir Gloria et oublier la guerre, oublier toute cette violence tellement typiquement humaine.
11. Viva La Gloria ? (Little Girl)
Une nouvelle intro de piano commence. On remarque le titre, un rappel, pourquoi ? "Run away from the river to the street", c'est le moment de fuir, d'essayer d'échapper à cet enfer, sauve-toi "little girl" ! Mais Gloria a goûté au sang, elle ne peut plus s'en séparer, il la suit partout, elle en est enduite : "The traces of blood always follow you home like the mascara tears from your getaway".
12. Restless Heart Syndrome
La tragédie continue encore et encore, sauf que Christian est un anti-héros. Il demande le salut, il demande sa drogue, un moyen de s'échapper du monde, de se couper de la réalité : "It's like an ulcer bleeding in my brain, send me to the pharmacy so I can loose my memory". Il ne peut pas se détacher de lui-même, il est blessé à vie, il n'a plus d'échappatoire : "I'm a victim of my symptom, I am my own worst enemy".
Acte III : Horseshoes And Handgrenades13. Horseshoes And Handgrenades
Remake de St Jimmy, Christian sombre complètement dans la folie, il chasse Gloria et préfère se cloîtrer dans son monde noir de débauche : "So don't you fuck me around because I'll shoot you down. I'm gonna drink, fight and fuck". Les amants se séparent donc, c'est mieux pour eux, c'est mieux pour tous pour que ça ne finisse pas dans un bain de sang !
14. The Static Age
Enfin un message de reconstruction ! Tout en emmerdant la société, The Static Age est comme un message d'espoir pour tous ceux qui ont subi cette guerre scientifique, politique et psychologique : "What the latest way that a man can die screaming hallelujah ?". Il faut prendre du recul, admettre ses erreurs et celles de tout le monde.
15. 21 Guns
Ultime chanson calme de l'album, 21 Guns est peut-être le plus bel hymne de l'album. C'est une réflexion sur l'attitude à avoir en cette période de post-guerre, mais c'est aussi l'attitude qu'on doit avoir après une grande tristesse. Il faut tout recommencer : "Did you try to live on your own when you burned down the house and the home ?". Quand on a tout perdu, son amour, sa fierté, sa confiance, sa famille et sa maison, quand on se sent "in ruins", que peut-on faire d'autre que d'essayer de se reconstruire. Même si au fond "something inside this heart has died".
16. American Eulogy
1. Mass Hysteria
Le prologue réapparaît sous forme d'épilogue pour le coup, comme un chœur qui résumerait la situation, l'Amérique brûle ("America is falling") et il faut un rappel, les gens ont besoin de savoir que les personnages de roman ne sont pas des anti-héros mais bien des héros jusqu'au bout : "Calling Christian and Gloria".
2. Modern World
Mike fait son apparition au chant comme il l'avait fait sur Nobody Likes You (dans Homecoming) ! C'est la réponse de Christian, il ne veut pas revenir, il ne veut plus participer à l'élaboration d'une nouvelle société qu'il ne connaît pas et qu'il désapprouve : "Cause I don't give a shit about the modern age… I do'nt wanna live in a modern world".
17. See The Light
Pour clôturer ce superbe album concept, l'intro de 21th Century Breakdown est reprise pour éclater en See The Light. Cette ultime chanson est l'issue, le dénouement, on ne sait pas si les amants se retrouvent mais ce que l'on sait c'est que 21th Century Breakdown (l'album) est une vraie tragédie qui se finit mal. Le bain de sang est là, on l'attendait : "I crossed the river, fell into the sea, where the non-believers go beyond belief. Then I scratched the surface, in the mouth of hell, running out of service, in the blood I fell".
Merci encore à Miss Dirnt pour sa superbe contribution.
Tracklist1. Song of The Century
Act I: Heroes & Cons
2. 21st Century Breakdown
3. Know Your Enemy
4. ¡Viva La Gloria!
5. Before the Lobotomy
6. Christian’s Inferno
7. Last Night on Earth
Act II: Charlatans & Saints
8. East Jesus Nowhere
9. Peacemaker
10. Last of the American Girls
11. Murder City
12. ¿Viva La Gloria?
13. Restless Heart Syndrome
Act III: Horseshoes & Handgrenades
14. Horseshoes and Handgrenades
15. Static Age
16. 21 Guns
17. American Eulogy
18. See the Light